Avec un nom et une couleur pareils, au moins une certitude : le dernier rejeton de la famille Jeep va se mettre les enfants et ceux qui le sont restés dans la poche ! Non seulement son patronyme fait penser aux films racontant les exploits de la célèbre bande de l’univers fantastique Marvel, mais notre Avenger d’essai se pare aussi des couleurs du plus célèbre d’entre eux avec sa peinture Sun optionnelle (750 €). Iron Man, es-tu là ? Plus sérieusement, cette Jeep n’est pas dotée de superpouvoirs mais a déjà tout du super-héros pour le constructeur américain. En effet, grâce à ce modèle conçu spécifiquement pour le Vieux Continent et fabriqué en Pologne, Jeep a décroché pour la première fois de son histoire le Graal des récompenses automobiles, celui de Voiture de l’année dont, vous le savez, L’Automobile Magazine est l’un des neuf membres européens.

Le Jeep Avenger Voiture de l’année ? C’est pas volé !

À bien des égards, ce titre est plus que mérité parce que cette Jeep colle à nombre d’attentes. En premier lieu, un gabarit idéal pour nos petites ruelles de centre-ville. À peine plus long qu’une Renault Clio (+ 3 cm, soit 4,08 m), l’Avenger n’est certes pas la plus petite Jeep de l’histoire (la Willys mesurait 3,33 m !) mais il rassurera ceux qui n’ont pas le compas dans l’œil. Cela fait du bien, à une époque où l’automobile s’habille en XXL. Autre atout dans la manche de l’Avenger, c’est une Jeep, autrement dit, un choix original dans le monde des SUV urbains et un label aussi évocateur que légitime dans le domaine. Cette légitimité, cultivée depuis 1941 sur tous les théâtres militaires du monde, l’Avenger la soigne habilement. Angles d’attaque et de fuite records dans le genre et garde au sol généreuse (20 cm), même s’il n’est ici qu’en deux roues motrices, tout donne l’impression de pouvoir vous emmener à l’autre bout du monde en prenant les chemins de traverse.

D’ailleurs, Jeep le déclinera aussi en quatre roues motrices 4Xe. Et l’Avenger affirme son côté boy-scout par des détails sympas comme les feux arrière évoquant un vieux jerrycan ou encore la face de mamie Willys, que l’on retrouve plaquée de-ci de-là à l’extérieur aussi bien qu’à bord. Et si la planche de bord présente un dessin des plus classiques, le bandeau rappelant la couleur carrosserie, l’ergonomie simplissime (de vrais boutons, c’est bien) et les rangements à foison séduisent. Et, du coup, pour éviter que la première tout électrique de son histoire soit synonyme de flop, Jeep a soigné sa copie.

Suffisant au quotidien

Sans établir de référence parmi les “wattures”, l’Avenger ne déçoit pas, offrant des autonomies largement suffisantes pour le quotidien. Selon notre protocole de mesures indépendantes, l’Avenger parcourt plus de 350 km en ville et 266 km sur route, soit plus qu’il n’en faut pour les allers-retours boulot-dodo. Et si, sans surprise, c’est moins brillant sur autoroute, où il faut refaire le plein avant d’atteindre la barre des 200 km, partir pas trop loin en week-end n’est pas inenvisageable. Sur borne rapide, en courant continu, l’Avenger supporte en effet 100 kW de puissance maxi, de quoi espérer, dans le meilleur des cas, une grosse demi-heure pour faire le plein à 80 %. Soit ce qui se pratique sur autoroute car au-delà, la charge est bien moins rapide. Ces chiffres confirment aussi que la technologie électrique du groupe Stellantis a progressé dans le bon sens. Avec un nouveau moteur (produit en France) pour cette Jeep et une batterie revue avec une capacité utile portée à 51 kWh. Et ce rayon d’action convenable s’accompagne d’un bel agrément de conduite.

Sympa à conduire

Plus que les performances convaincantes mais qui évoluent en fonction du programme de conduite choisi (les 156 ch sont disponibles en mode Sport ou en reprises lors d’un kick-down), c’est le sens du compromis qui plaît au volant de l’Avenger. C’est bien simple, on retrouve de nombreux points communs avec le DS 3 E-Tense, à commencer par un amortissement réussi, qui donnerait presque l’impression qu’il s’agit de la même voiture. Logique, les deux partagent la même base technique, la CMP, dont la particularité, dans sa déclinaison 100 % électrique, est d’utiliser à l’arrière une rustique barre Panhard. Mais, comme sur son cousin, ce n’est pas un handicap pour l’Avenger. Si, à l’image de tous les SUV, l’engin peine à effacer tous les défauts de la chaussée en milieu urbain avec des remontées davantage sonores que réellement désagréables, il fait preuve d’une douceur bienvenue ensuite. Et n’allez pas en déduire que ce petit SUV est en contrepartie lénifiant à mener.

Plutôt agile, donnant confiance, avec une direction pas trop filtrante mais un peu moins directe que sur son cousin de DS, il ne désunit pas à la première courbe venue, témoignant d’un compromis réussi. Seule ombre à ce bon bilan, cette électrique souffre de la tare habituelle du genre : une réponse de la pédale de frein loin d’être optimale avec la sensation de manquer de mordant et, par conséquent, un dosage compliqué en ville sur les derniers mètres. Pour atténuer le phénomène, un passage en B (pour Brake) augmentant la force du freinage régénératif est conseillé.

Dernier point… le clignotant. Évoquant celle d’une boîte à rythme qui aurait buggé, sa sonorité (non désactivable ) est rapidement horripilante. Mais pas de quoi ternir un bilan plutôt flatteur et empêcher la première Voiture de l’année de Jeep, par ailleurs suffisamment accueillante malgré son gabarit compact, d’aspirer à un carton en Europe, d’autant que Jeep propose son Avenger à un tarif agressif. Pour une électrique bien entendu.